
Ces
termes
sont
fréquemment
utilisés
mais
restent
mystérieux
pour
certains,
et
d'autres
en
donnent
une
définition
plus
ou
moins
fantaisiste,
ce
qui
ne
facilite
pas
la
tâche
quand
on
cherche
à
savoir
précisément
de
quoi
il
s'agit.
Cet
article
a
pour
but
de
faire
la
part
des
choses
entre
vérité
et
idées
reçues,
donner
les
définitions
de
chacun
des
termes,
expliquer
l'utilité
de
ces
techniques
et
de
donner
le
mode
d'emploi
pour
les
mettre
en
application.
Terminologie
Relance
moteur
:
C'est
le
fait
de
donner
un
coup
d'accélérateur
avant
de
rétrograder
pour
amener
le
régime
moteur
à la
vitesse
où
il
se
mettra
à
tourner
lorsqu'on
embrayera.
Double-débrayage
:
C'est
une
technique
qui
consiste
à
débrayer
deux
fois
et
effectuer
une
relance
moteur
en
rétrogradant
afin
de
synchroniser
le
régime
de
rotation
de
la
boîte
de
vitesse
et
du
moteur.
Talon-pointe
:
C'est
une
technique
qui
consiste
à
appuyer
sur
les
pédales
d'accélérateur
et
de
frein
avec
le
même
pied
pour
pouvoir
effectuer
un
double-débrayage
tout
en
freinant.
Pointe-pointe
:
C'est
la
même
chose
que
le
talon-pointe,
mais
avec
une
position
du
pied
différente
imposée
par
la
disposition
du
pédalier
de
certaines
voitures,
notamment
les
monoplaces.
Blocage
de
boîte
:
Lorsqu'on
embraye
sans
avoir
relancé
le
moteur
et
que
la
vitesse
de
l'auto
fait
que
le
régime
moteur
se
retrouve
soudainement
dans
une
plage
de
couple
important,
l'arbre
de
transmission
passe
d'une
vitesse
quasi-nulle
à
une
vitesse
élevée
brusquement,
provoquant
un
blocage
temporaire
des
roues
motrices,
ce
qui
peut
entraîner
un
sous-virage
sur
une
traction
et
un
survirage
voire
un
tête-à-queue
sur
une
propulsion.
Dans
cet
article
le
terme
talon-pointe
sera
utilisé
en
sous-entendant
qu'on
effectue
également
un
double-débrayage
avec
relance
moteur.
Petit
rappel
de
base
:
appuyer
sur
la
pédale
d'embrayage
=
débrayer,
la
relâcher
=
embrayer
;
c'est
évident
mais
il
arrive
que
des
personnes
confondent
les
deux.
Pourquoi
?
Il y
a
quelques
années,
avant
que
les
boîtes
de
vitesses
soient
équipées
de
"synchros",
le
double-débrayage
était
utilisé
pour
pouvoir
rétrograder.
Nous
ne
nous
intéresserons
pas
à
cet
aspect
dans
cet
article,
mais
plutôt
à ce
qu'il
est
intéressant
de
savoir
pour
la
conduite
de
tous
les
jours
d'une
voiture
de
sport,
et
l'apprentissage
dans
le
cadre
du
pilotage
amateur
sur
circuit.
Le
talon-pointe
est
à
l'origine
une
technique
de
pilotage,
qui
sert
donc
à
gagner
du
temps.
Pour
être
le
plus
rapide
on
freine
le
moins
longtemps
possible,
et
on
accélère
le
plus
longtemps
possible.
Ca
semble
évident
à
dire
mais
ça
l'est
beaucoup
moins
en
situation
réelle
!
Cela
implique
qu'on
freine
de
manière
dégressive
en
abordant
un
virage,
tout
en
utilisant
les
capacités
d'adhérence
des
pneumatiques
au
maximum.
Comme
on
implique
une
contrainte
latérale
sur
ces
derniers
en
tournant
le
volant,
il
faut
doser
finement
le
freinage
et
le
volant
pour
pouvoir
rester
à la
limite
d'adhérence
sans
la
dépasser.
Dans
cette
situation
de
limite
d'adhérence,
le
moindre
déséquilibre
infligé
à la
voiture
occasionne
une
perte
d'adhérence,
qui
entraîne
une
perte
de
temps
dans
le
meilleur
des
cas
et
une
sortie
de
piste
au
pire
(notamment
en
cas
de
blocage
de
boîte).
Or
il
faut
se
trouver
sur
le
rapport
qui
permettra
de
réaccélérer
au
mieux
en
sortie
de
virage
lorsqu'on
lâchera
les
freins
: il
faut
donc
rétrograder
dans
la
plupart
des
cas.
Un
rétrogradage
de
type
"auto-école"
n'est
pas
envisageable
car
il
déséquilibrerait
grandement
l'auto
au
moment
d'embrayer
puisque
le
frein
moteur
est
important
à
haut
régime.
Il
faut
pouvoir
rentrer
le
bon
rapport
sans
changer
la
contrainte
d'entraînement
des
roues
motrices,
et
la
seule
façon
de
le
faire
est
de
relancer
le
régime
du
moteur
soi-même
plutôt
que
de
laisser
le
moteur
être
entraîné
par
l'inertie
de
la
voiture
: il
faut
effectuer
une
relance
moteur.
Puisqu'on
est
en
train
de
freiner
lorsqu'il
faut
relancer
le
moteur,
on
est
obligé
d'appuyer
sur
les
deux
pédales
en
même
temps,
d'où
l'utilité
du
talon-pointe.
Enfin,
lorsqu'on
veut
préserver
les
organes
mécaniques
de
la
boîte
de
vitesse
et
ne
pas
avoir
à la
changer
lors
d'une
course
d'endurance
ou
en
rallye,
il
faut
éviter
de
faire
travailler
les
synchros
et
donc
réaliser
un
double-débrayage.
Comment
?
Voici
la
décomposition
pas
à
pas
de
la
manoeuvre
complète
lorsqu'on
aborde
un
virage
sur
circuit
:
1.
Relâcher
l'accélérateur
et
freiner,
en
positionnant
son
pied
droit
bien
en
face
du
frein
pour
avoir
le
meilleur
contrôle
possible
sur
la
pression
appliquée
sur
la
pédale.
Le
pied
gauche
doit
être
sur
le
repose-pied
pour
caler
le
corps
au
moment
de
l'à-coup
violent
provoqué
par
le
passage
brutal
d'une
phase
d'accélération
à
une
phase
de
décélération.
2.
Débrayer.
C'est
le
début
de
la
séquence
et
il
doit
être
réalisé
suffisamment
tôt
pour
que
tout
soit
terminé
lorsqu'il
faudra
réaccélérer,
mais
suffisamment
tard
pour
ne
pas
se
retrouver
en
surrégime
étant
donné
la
vitesse
importante
de
l'auto.
3.
Passer
au
point
mort.
4.
Embrayer
au
point
mort,
pour
que
l'arbre
de
transmission
soit
entraîné
par
le
moteur
mais
pas
les
cardans.
5.
Effectuer
la
relance
moteur.
L'objectif
est
que
l'arbre
de
transmission
soit
déjà
à la
bonne
vitesse
lorsqu'on
embrayera
: il
faut
donc
lui
donner
une
vitesse
légèrement
supérieure
puisque
dans
le
laps
de
temps
où
l'on
rentre
le
rapport
inférieur
le
régime
moteur
aura
commencé
à
chuter.
6.
Débrayer
à
nouveau.
7.
Enclencher
le
rapport
inférieur.
8.
Embrayer.
En
situation,
on
dispose
de
très
peu
de
temps
et
l'ensemble
de
la
séquence
doit
être
réalisé
en
moins
d'une
seconde,
voire
moins
d'une
demi-seconde.
Le
temps
qui
s'écoule
entre
l'étape
5 et
la 8
doit
être
particulièrement
réduit
sinon
le
régime
moteur
aura
trop
chuté
et
sera
insuffisant
pour
éviter
l'à-coup
au
moment
d'embrayer.
Détaillons
la
position
des
pieds
sur
le
pédalier
d'une
Porsche
944
en
images
:
1. Phase d'accélération |
 |
2. Début du freinage |
 |
3. Passage au point mort |
 |
4. Talon-pointe pour relancer le moteur
en étant embrayé au point mort
(en situation réelle le pied gauche reste
au-dessus de la pédale d'embrayage) |
 |
5. Passage du rapport inférieur |
 |
6. Embrayage et reprise de l'accélération |
 |
Enfin,
voici
une
vidéo
de
l'opération
en
situation
réelle,
avec
Walt
au
volant
de
son
Alfa
GTV6
:
rétrogradage
de 2
rapports.
Utilité
dans
la
conduite
quotidienne
Le
talon-pointe
n'est
pas
réservé
aux
pilotes
!
Lorsqu'on
conduit
une
propulsion
puissante,
surtout
lorsque
l'adhérence
est
faible,
un
rétrogradage
qui
intervient
au
mauvais
moment
peut
avoir
des
conséquences
désastreuses,
même
à
des
vitesses
autorisées.
Il
est
donc
très
intéressant
de
maîtriser
la
technique
du
talon-pointe
pour
l'utiliser
systématiquement
au
quotidien.
D'autre
part,
il
s'agit
d'une
technique
qui
nécessite
beaucoup
d'entraînement
avant
d'être
réalisée
correctement.
Sur
circuit
cela
doit
être
un
automatisme
qui
ne
demande
presque
pas
d'effort
de
concentration
afin
de
pouvoir
se
focaliser
sur
le
dosage
du
freinage,
les
trajectoires
et
les
points
de
braquage.
Cela
ne
devient
un
automatisme
que
si
on
l'effectue
à
chaque
fois.
Par
contre,
étant
donné
les
contraintes
peu
importantes
imposées
aux
organes
mécaniques
lorsqu'on
roule
sur
route
ouverte,
il
n'est
pas
indispensable
d'effectuer
le
double-débrayage
à
chaque
fois.
Lorsqu'on
ne
braque
pas
ou
que
le
régime
moteur
n'est
pas
suffisamment
haut
pour
risquer
le
blocage
de
boîte,
on
peut
tout
à
fait
se
contenter
d'une
simpe
relance
moteur
(bien
dosée)
qui
évitera
l'à-coup
au
moment
d'embrayer.
Avantages
Vous
n'êtes
pas
encore
convaincu
?
Voici
la
liste
des
avantages
qu'apporte
l'utilisation
du
talon-pointe.
1.
Gain
de
temps
Le
talon-pointe
bien
effectué
dure
une
demi-seconde.
Si
vous
rétrogradez
à la
méthode
"auto-école",
vous
devez
embrayer
très
progressivement
et
faire
patiner
l'embrayage
pour
éviter
de
provoquer
un
à-coup,
ce
qui
nécessite
bien
plus
de
temps.
2.
Sécurité
Le
talon-pointe
évite
à
coup
sûr
le
blocage
de
boîte,
cause
fréquente
de
sorties
de
route
sur
les
propulsions
puissantes.
3.
Confort
Vous
évitez
les
à-coups
et
les
passages
de
vitesses
deviennent
insensibles
pour
vos
passagers.
4.
Préserver
la
boîte
de
vitesse
Vous
n'utilisez
pas
les
synchros
(pignons
coniques
dont
le
rôle
est
justement
de
rattrapper
la
différence
de
vitesse
entre
les
arbres
primaire
et
secondaire),
qui
sont
les
organes
qui
s'usent
le
plus
rapidement
dans
une
boîte
de
vitesses.
5.
Préserver
l'embrayage
Vous
ne
faites
pas
patiner
le
disque,
il
s'use
donc
très
peu
et
votre
embrayage
tiendra
beaucoup
plus
longtemps
étant
donné
que
c'est
lui
qui
s'use
le
plus
rapidement.
|